Après 6 ans de prison, Hauke Born – escroc au mariage devenu célèbre pour ses impostures – doit se réintégrer dans la société. Sa thérapeute, Tania Morena, l’accompagne sur le chemin du retour à la liberté. C’est alors que Sonja Schwarz lui rend visite. Elle prétend être sa fille. Born est surpris, sceptique. Il accepte néanmoins de la recevoir. On se rapproche, mais beaucoup de questions restent sans réponse: Qui est Sonja? Que veut-elle vraiment ? Hauke Born est-il son père–ou vise-t-elle avant tout les sept millions volatilisés que celui-ci aurait soutirés à une riche héritière, dont la famille d’industriels s’était enrichie par l’exploitation de travailleurs forcés sous le régime nazi? Ces rebondissements ne sont-ils que le symptôme d’une vérité plus profonde? Qui succombe à la séduction, et qui la manipule? Quelles motivations politiques, amoureuses, financières et morales entrent en jeu?
Séduction, la nouvelle pièce de Lukas Bärfuss, pose ces questions avec une radicalité troublante. Sa mise en scène ouvre un espace de réflexion intense sur les dilemmes éthiques de notre époque–un terrain propice aux débats les plus brûlants. Au-delà de ces thèmes, elle explore les tensions sous-jacentes, les enjeux intimes et les non-dits, où le mystère devient à la fois moteur dramaturgique et vertige moral.
Après Le Test [2009] et Le Voyage d’Alice en Suisse [2015], cette troisième collaboration entre Gian Manuel Rau et l’auteur suisse-allemand poursuit un dialogue artistique fécond. Porté par une tension politique et sociale, le théâtre de Lukas Bärfuss creuse sans relâche les sillons de la mémoire, du pouvoir et de l’innocence, dans la quête de rédemption. Son écriture, tranchante et resserrée, opère comme un scalpel.
|